La RTBF, la chaîne de télévision publique belge de langue française, a diffusé mercredi soir, à une heure de grande écoute, un canular très réaliste annonçant la sécession de la partie flamande de la Belgique. Pendant plusieurs minutes, les belges ont cru à la mort de la forme actuelle de leur pays.
Mercredi soir, la RTBF a interrompu ses programmes pour annoncer que "le Parlement flamand a déclaré unilatéralement l'indépendance de la Flandre" et que le roi Albert et la reine Paola avaient fui le pays dans un avion de
l'aviation belge. Le programme, très réaliste, montrait des images floues de personnes avançant vers un avion dans l'obscurité sur un aérodrome militaire près de Bruxelles ainsi qu'un petit groupe de manifestants monarchistes devant le palais royal agitant le drapeau belge. Une telle séparation aurait provoqué de facto la mort du royaume avec l'instauration de frontières entre la Wallonie et la Flandre dont les querelles semblaient s'être calmées depuis plusieurs dizaines d'années.
L'aspect véridique de l'émission a été tel qu'il a incité des centaines de téléspectateurs à appeler le standard de la RTBF tandis que les ambassades contactaient les autorités belges interloqués par ce qu'ils avaient vu et entendu.
"Les ambassadeurs et les ambassades étaient inquiets de ce qu'ils devaient signaler à leurs capitales respectives", a souligné la présidente du Sénat Anne-Marie Lizin. "Cette fiction a été regardée comme une réalité et a donné du pays une image catastrophique". Dans le même esprit, le porte parole du Premier ministre, Guy Verhofstadt, a réagi en qualifiant le programme de "mauvaise plaisanterie de mauvais goût", avant d'ajouter que la mission du service public est d'informer correctement le public, et non pas de semer la confusion".
Du coté de la RTBF, Yves Thiran, le directeur de l'information a défendu l'émission, estimant qu'elle montrait "l'importance d'un débat politique de la plus haute importance, le débat sur l'avenir de la Belgique".
Le gouvernement régional francophone, en charge de la moitié méridionale de la Belgique, a exigé l'ouverture d'une enquête par l'intermédiaire de la ministre francophone pour les médias, Fadila Lanaan, qui a rencontré jeudi après-midi les responsables de la chaîne. A l'issue de son entrevue avec la ministre, l'administrateur général de la Radio-Télévision Publique Belge a déclaré : "Le choix d'une émission de fiction a été fait par l'ensemble des responsables de l'information, de la télévision, des rédactions, dans le respect de la procédure interne de la RTBF: il n'était donc pas improvisé et je l'assume", celui-ci a également réitéré ses excuses "à titre personnel, par rapport à la surémotivité qu'on a pu déclencher". "Nous n'avions pas l'intention de créer une telle émotion mais plutôt d'aborder une vraie question, qui préoccupe les citoyens dans leur attachement à la Belgique", a-t-il précisé, admettant avoir été étonné par l'ampleur de certaines réactions. Preuve que la question du séparatisme belge est loin d'être résolue.