Les projets les plus fous pour sauver le Monde
Grégoire Lecalot - 2 avril 2008
Le réchauffement du climat provoque l’ébullition dans les cerveaux des
scientifiques et des ingénieurs. En parallèle à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre, ils ont imaginé d’autres solutions
pour s’en sortir. Le stockage du CO2, le projet le plus avancé. Dans
son gisement de Sleipner en mer du Nord, Statoil réinjecte le CO2
prélevé en même temps que le gaz naturel dans un aquilifère dans les
fonds sous-marins.
© Aligator film / BUG /StatoilHydro
Depuis dix ans, la compagnie gazière norvégienne
Statoil piège le gaz carbonique dans son gisement de Sleipner, dans la
mer du Nord. A ses débuts, le procédé faisait sourire. Le principe est
simple : dans un forage, le gaz carbonique remonte en même temps que le
gaz naturel. Normalement, le premier est rejeté. A la place, Statoil
revoit le CO2 dans le sous-sol, où il est piégé dans une couche
aquilifère. Là, il finit par se dissoudre, au bout de 7000 ans tout de
même. La technique a convaincu, mais elle n’est peut-être pas
généralisable. La forme particulière de l’aquilifère de la mer du Nord
est peu répandue dans le Monde. Mais le piégeage permet d’enfouir un
million de tonnes de CO2 par an. De quoi faire réfléchir...
Des tubes dans mer pour aider le plancton à capter le CO2 Les
tubes fertiliseraient le plancton en mélangeant eaux profondes et eaux
de surface. La mer absorberait ainsi plus de CO2. Mais il faudrait des
millions de tubes.
© Gaïa
L’idée vient de deux chercheurs britanniques, james
Lovelock et Chris Rapley. Il s’agirait d’installer dans la mer des
millions de tubes verticaux de 100 à 200 mètres de long pour 10 mètres
de diamètres. Quel intéret ? Rien à voir avec une installation d’art
contemporain, il s’agit de fertiliser la mer. Grâce au mouvement de la
houle, ces tubes permettraient de mélanger les eaux de surface et les
eaux profondes. Ces dernières sont riches en nutriments qui nourrissent
le plancton, alors qu’ils se sont raréfiés en surface. En plus, le
réchauffement de la couche superficielle ralentit les échanges
naturels. Le plancton, mieux nourri et plus abondant, capterait plus de
CO2. Le problème c’est effet qu’il faudrait des millions de ces
tubes... pas très pratique pour la navigation. Et puis elle pourrait
avoir un impact sur l’acidification des océans. l’idée n’en intéresse
pas moins le milliardaire sir Richard Branson, patron de Virgin, qui a
promis 25 millions de dollars à ceux qui trouveraient la meilleure
initiative pour supprimer les émissions de CO2.
Des rejets de soufre dans la stratosphère pour refroidir la planète. Les
adeptes de la géo-ingénierie proposent d'injecter du soufre dans la
stratosphère pour refroidir le climat, comme lors de l'éruption du mont
Pinatubo aux Philippines en 1991.
© Brian Paulson
En 1991, l’éruption du volcan Pinatubo, aux
Philippines, a poussé la communauté scientifique à prendre au sérieux
une hypothèse jusque-là regardée avec condescendance. En projetant 20
millions de tonnes de dioxyde de soufre dans la haute atmosphère, à 20
km d’altitude, l’éruption du Pinatubo a refroidi le climat. Un fin
voile de soufre a fait écran avec le Soleil. Le climatologue Mickeal
MacCracken, avec le courant de la géo-ingénierie, préconise donc
d’injecter chaque année un à deux millions de tonnes de soufre dans la
stratosphère pour ralentir le réchauffement de la planète, à défaut de
le stopper. Mais au-delà des difficultés techniques, le soufre fait
peur. L’humanité rejette déjà 100 millions de tonnes de dioxyde de
soufre chaque année dans la basse atmosphère, où il est nocif. par
ailleurs, les scientifiques qu’il vaut mieux réduire les émissions de
gaz à effet de serre plutôt que de trouver un moyen de retarder
l’échéance, et d’échapper aux mesures draconniènes à prendre.
Les triangles de stabilisation Pour le triangle de stabilisation de captage de l'énergie solaire, il faudrait 20.000 km2 de panneaux photovoltaïques.
© paspog
Dit comme ça, l’idée évoque
La guerre des étoiles ou
2001, l’odyssée de l’espace.
Mais l’idée vient de Robert Socolow, directeur adjoint de la Carbon
Migration initiative (projet de réduction du carbone). Le triangle de
stabilisation n’est pas un gigantesque croiseur interstellaire mais un
ensemble de stratégies pour économiser un milliard de tonnes
d’émissions de CO2 par an. L’appellation vient de la forme d’un
graphique. Il propose 15 triangles de stabilisation, dans différents
domaines. Il s’agit de remplacer les énergies actuelles par d’autres.
Le problème, c’est le gigantisme encore une fois. Le triangle numéro
11, projet de captage de l’énergie solaire, suppose un ensemble de
panneaux solaires de 20.000 km2, grand comme l’île de Chypre.
http://www.france-info.com/spip.php?article116947&theme=29&sous_theme=31